Philippe Pétain – 2

 

Verdun / Vichy …

Lettre d'enfant

 

Jean Jacques Becker, Paris, juillet 2008

Jean-Jacques Becker

https://vimeo.com/653784417

Il s’agit du tout premier entretien du film suivi de celui avec Stephane Audoin Rouzeau.

Philippe Pétain 1914 1918 – VERDUN – Portraits – VICHY

« On vivait dans l’ambiance de la guerre dans l’entre deux guerres…
Le général Pétain a été un des meilleurs généraux français de la Grande Guerre
Probablement le meilleur – mes parents, sur Vichy, n’ont pas été une seconde pétainistes
A Grenoble, en 1943, on ne parlais jamais du Maréchal Pétain
On avait un professeur pétainiste, il était chahuté
Pétain dans sa jeunesse, élevé dans un milieu catholique de droite
Une famille sans traditions militaires – pas très bon élève
Il n’a jamais été aux Colonies – professeur à l’Ecole de Guerre de tactique
L’esprit de commandement, c’était l’offensive …
« Attaquons, attaquons, cons comme la lune »
Le 22 aout 1914, 20.000 soldats français ont été tués, 40.000 en trois jours, sans compter l’adversaire
Caractère de Pétain ?On a sacrifié des dizaine de milliers d’hommes par incompétence
Pétain n’est pas un grand intellectuel, il a fait une carrière convenable, à part ça …
Sur le modèle offensif de l’armée Allemande de 1870
On ne savait pas vraiment faire la guerre autrement
Les tranchées françaises étaient très médiocres (…)
Initialement, Philippe Pétain, il aurait dû être cultivateur ?
L’esprit de l’agriculteur – cultivateur, homme de droite, catholique d’origine, pas pratiquant
Les salaires des officiers n’étaient pas élevés
L’état d’esprit était d’être anti dreyfusard, on défend l’armée, on était pas très républicains
Conservateur, volontiers nationaliste…

L’anti dreyfusisme a été battu
L’antisémitisme à la fin du 19 ème siècle et avant 1914
La plupart des généraux n’avait pas fait la guerre, beaucoup ont été limogés, ils ont été surpris par la façon dont se sont passées les choses
Verdun – l’anecdote de l’hôtel où on cherche Pétain
La Voie Sacrée – C’est Nivelle qui va terminer la bataille jusqu’au bout, Pétain n’est resté que deux mois à Verdun
C’est grâce à l’échec de Nivelle au Chemin des Dames, que Pétain est promu Commandant de l’Armée Française
Foch – Pétain
Quand Pétain devient t’il le « sauveur de Verdun » ?
L’opinion des soldats – l’opinion des civils
En 1917, le prix de la vie augmente et cela crée des mouvements de revendication
En 1918, grandes grèves politiques des métallurgistes (armes de guerre) à St Etienne et région parisienne
La ligne du sentiment national, du patriotisme
Michelin

Pétain devient conscient de son image qu’à partir des années 30
Il devient Ministre de la Guerre, donc il commence en politique, en 1934
Les généraux français ont une très grande réputation dans le monde après 1918
Sans les Américains, on perdait la guerre – les Allemands n’avaient plus d’hommes – les Alliés, oui
60.000 combattants débarquent par semaine
En 6 mois de guerre, les Américains ont eu plus de 100.000 morts

Pétain récupère cet aura de la victoire – son prestige personnel est le prestige de l’armée française
Ses mythes le suivent même si ce n’est pas tout à fait vrai – et il ne parle pas beaucoup (il laisse faire)
Il y a des gens qui pensent pour lui … comme avec « C’est Pétain qu’il nous faut » de Gustave Hervé, un militant socialiste radical…
Il n’y a pas eu de fascisme véritablement en France
On pense à Pétain justement parce qu’il est en dehors de la politique
Il arrive au pouvoir progressivement, entouré par l’Extrême droite
Cela a été la chance de l’Extrême droite en juillet 40
L’Extrême droite arrive par la défaite
Il est l’incarnation de la France
Les pleins pouvoirs – et si Pétain était décédé avant ?
Les circonstances créent le personnage
Pierre Laval était le plus intelligent et le plus convaincant
Philippe Pétain a toujours joué à ne pas être un homme politique, c’est plutôt l’Homme de la France
Un homme profondément réactionnaire
Fayolle voit en Pétain un homme d’une très grande prétention, rude il se croit
Pétain n’était pas modeste. »

 

Colonel Frédéric Guelton, Vincennes, avril 2009

Frederic Guelton

Philippe Pétain – le militaire – le politique / 1914 – 1945

https://vimeo.com/264897510/

« Les origines, l’éducation de Pétain
Il y aura beaucoup de reconstructions de la vie de Pétain …
L’ambiance de la guère de 1870 – Saint Cyr
Ce Pétain silencieux qui n’a quasiment rien écrit – son entourage
Avant la Grande Guerre, il est un officier très ordinaire
Il est à contre courant des options militaires de l’époque
Il n’avait pas d’avenir avant la première guerre mondiale
L’affaire Dreyfus, essentiellement une affaire parisienne
Il est l’un des premiers à comprendre la nécessité des changements de la guerre
300 000 morts dès les débuts
Pétain est un grand tacticien, il a une vision très claire
« Attaquons, attaquons ! Cons comme la lune ! »
La Guerre de Sécession, première guerre industrielle moderne
Les études sur les conflits d’avant la première guerre mondiale
A cette occasion, on s’observe entre futur belligérants

L’émergence de Pétain

Verdun, une bataille de la volonté
Le concept de la relève – toute l’armée française va connaître Pétain
Nivelle ne va pas réussir au Chemin des Dames, il a dit qu’il s’écarterait, il ne s’écarte pas, il est écarté
Le parcours politique de Pétain commence à cet instant
Verdun, 1918, 1934 à 1935 …
Foch et Pétain vont émerger
La question : qui sera le patron de l’armée française ? tout le monde l’a en tête
Différences entre Painlevé et Clémenceau, deux pratiques politiques de la guerre
La guerre devient totale, l’année 1917 change profondément la nature de la guerre
Elle devient mondiale
La centralisation politique et le grand quartier général de Clémenceau
Pétain rencontre Clémenceau sans que Foch le sache
Les responsabilités gigantesques de ces hommes à l’époque
Des hommes exceptionnels et profondément humains
Comment vivait on avec ces hommes ?
L’affrontement est tellement direct, c’est vraiment un combat de boxe pour rechercher le KO

Le 2ème bureau – même syndrome des deux côtés, ils se surestiment l’un l’autre…
Sur la fin de la guerre – la petite histoire …
L’histoire de Pétain qui aurait pleuré devant Foch à cause de l’arrêt des combats
Je n’y crois pas
L’étoile qui a gagné : Foch
Isorni au procès : sur un mot de Pétain à l’île d’Yeu, une vieille et profonde rancoeur
Sur le défaitisme de Pétain
S’il pleure, il pleure plus sur son propre sort…
Mais aucun document ne montre que Pétain ait voulu continuer la guerre
Le Mythe
D’abord Pétain a du temps
Il laisse parler les autres
Il ne dit jamais ce qu’il pense
1929 – 1931 – Weygand, le fils spirituel de Foch
La querelle de 1918 réapparait en 1930
En 1934, Pétain devient ministre de la guerre, mais en novembre, le gouvernement tombe, règlement de compte…
Entre 1929 et 1935, des luttes sourdes mais omniprésentes entre les principales maisons militaires françaises

À partir de 1931, Pétain va toujours réussir à occuper une fonction politico militaire
Il apparait à partir de ce moment là pour les politiques, toujours comme sorte de sauveur politique
Dans les années 1930 se repose la même question de 1918 : comment doit fonctionner la courroie politique et militaire ?
Il possède à la fois une grande modernité de la pensée militaire (les avions), mais il se montre en même temps coupé des réalités diplomatiques et géopolitiques du moment
Rien ne se fait : la France va se réfugier à ce moment là politiquement derrière la ligne Maginot
La ligne Maginot change d’identité et de fonction sous la pression pacifiste (trop de morts en 14 18)
La France se recroqueville
Les affaires internationales n’ont probablement jamais intéressé Pétain

Il reste jusqu’à son dernier souffle dans une vision linéaire et plate, celle de la France « éternelle » immuable
Et en 1940 il est dépassé en tant que chef de l’Etat
Il doit assumer des responsabilités qui ne correspondent à rien de ce qu’il a jamais fait
Sur l’observation des courants fascistes en Europe …
Contrairement à Lyautey qui a parfaitement compris les dangers du nazisme (mais il meurt) …
La France en 1939 1940 a autant de chars que les Allemands, et même meilleurs
Le problème c’est que la France ne s’est pas relevé de la « défaite » de 1918
La stratégie défensive correspond à la majorité de la pensée de l’époque
1934 : sur le moment d’absence de Pétain relevé … Il ne répond pas aux questions soulevées
Les archives de Pétain – sur les lettres qu’il reçoit
Les images de « Pétain républicain » le suivent jusqu’en 1940
Sur l’antisémitisme de Pétain (dans les documents conservés au SHD, rien) »

 

Denis Peschanski, Bourg la Reine, avril 2009

Denis Peschanski

Philippe Pétain années 1920 1945

https://vimeo.com/264897349/

« les courants xénophobes européens des années 20 / 40,
plus de 200 camps d’internement en France de 1938 à 1946,
« Vichy » et la Solution Finale

La France a été touchée par des migrations massives dès le lendemain de la première Guerre Mondiale
A cause de la nécessité de reconstruction, cela a suscité un appel d’hommes, pour des raisons économiques on veut aussi aller dans un pays plus développé
Ensuite le profil change dans les années 1930 – les Italiens – les Polonais et les Espagnols – puis se greffe une migration de réfugiés politiques qui fuient la nouvelle Allemagne nazie
La France, c’est la terre de la Révolution Française – à priori – une terre d’accueil politique
On espère une vie meilleure avec un système d’aide social déjà évolué
La crise économique et la crise politique vont susciter par contre des mécanismes d’exclusion
Le vrai bouleversement apparaît à la fin des années 30 : la peur de l’Autre, de l’Étranger, du Juif, du Communiste
La dialectique de la peur de la Crise mondiale se traduit par le Pacifisme, un mouvement déjà hérité de l’après 1ère Guerre Mondiale
Avec un mélange d’anti communisme qui fait suite après 1938 avec l’image de l’URSS
La xénophobie, le coeur même de cette nouvelle structuration des systèmes mentaux, fait place avec la peur de l’Étranger « qui amène la guerre », et l’antisémitisme – le stéréotype très implanté des Juifs « qui ont tué le Christ », réactivé par l’Extrême droite -, pointent, on a une forme de délitement qui se met en place
En 1938, 1939, 1940, il y a différents types d’antisémitisme, cela remonte à des centaines d’années
Les relais catholiques largement antisémites et anti républicains à l’époque
Les termes de confusion mentale sont appropriés pour décrire cette situation de la fin des années 30
Et je ne crois pas à la force du modèle de l’antisémitisme allemand sur la population française

L’antisémitisme dès l’été 1940 à 1942, il est consubstantiel du mode de pensée
C’est la suite d’une sorte de rejet initial de la Révolution Française comme étant la source d’un délitement qui aboutit à cette défaire de 1940
Et évidemment il faut trouver une raison à ce délitement, le Juif, le Communiste, le Franc maçon
L’antisémitisme d’État est consubstantiel au régime de Vichy
Les conséquences immédiates : le Statut des Juifs, les lois d’exception – un basculement français
La responsabilité individuelle de Pétain, pour moi il participe – avec des influences, y compris avec des modèles venus de l’étranger
Pour moi cet antisémitisme trouve sa source dans le 19 ème siècle puis au début du 20 ème
Il y avait une volonté politique. La fin des années 30 : on cherche des boucs émissaires

La racine idéologique de Pétain : l’Action Française, et d’autres courants. Pétain, ce n’est pas un pantin (…)
On s’est longtemps interrogé sur les réactions de la société française… Depuis 25, 30 ans, on dispose de sources
La majorité des français a été très vite contre l’Occupation et très vite pour la victoire de l’Angleterre (malgré Mers El Kébir) ; et en même temps avait une dévotion pour le Maréchal, symbole de la « France qui continue ». Les rapports de préfets … Le décalage complet entre la politique de collaboration, et le réel

L’image de Pétain va durer très longtemps parce que c’est une image ambivalente
Un exemple décisif : Montoire est occulté par l’éviction de Pierre Laval le 13 décembre par Pétain, un mois et demi après – Pétain l’expulse – le coup d’État du 13 décembre 1940
Pétain veut avoir les liens de Laval à sa place, il veut avoir la main. Pétain s’avance dans la Collaboration mais les Français perçoivent ces évènements autrement
Je suis dans l’incapacité totale de vous dire ce que pensait Pétain à ce moment là … Un vieillard qui a encore les moyens de réfléchir
Son entourage – le Pétain « filouterie amusante », il jouait là dessus. Pétain se projette comme le mari, le père, le grand père, de tous les Français
1938 1939, la configuration politique en France, Doriot, le PPF, le PSF, le PC, la suite du Front Populaire, Laroque, la suite de Münich et la signature de Daladier, de trahison des démocraties
Après Münich, la radicalisation

Le gouvernement Daladier Reynaud s’implique dans la volonté de rompre avec les acquis du Front Populaire, de déplacer le centre de gravité politique vers la Droite
Une vraie rupture économique et politique, une épuration du mouvement syndical, l’influence de la montée de la guerre en Europe
Daladier pense que le Front Populaire a participé à affaiblir la France
La répression sur les lieux de travail, l’emprisonnement de militants, des campagnes de presse, par l’État et la droite radicale
La signature du Pacte Germano soviétique en aout 1939 va apparaître pour ceux qui ont choisi cette fermeté comme la justesse de leurs analyses, le PCF apparaît comme le Parti de Moscou

Avec Pétain, c’est une rupture fondamentale, ce n’est pas la suite des tensions des années 1938 1939
On est dans une logique de régime autoritaire, la concentration du pouvoir et les mesures d’exclusion
Le régime précédent de la fin de la 3ème république nous interroge toutefois sur les signes d’une dérive autoritaire
Se met en place l’internement des réfugiés politiques Allemands et Autrichiens qui avaient justement fui l’Allemagne nazie
Tout ressortissant allemand devient un ennemi potentiel, de Daladier à Pétain, il y a des différences mais des habitudes se prennent dans l’administration de la société, on va prendre l’habitude de marginaliser, d’interner
L’Internement Administratif existait déjà pendant la 1ère Guerre Mondiale
L’Internement Administratif, loi du 12 novembre 1938 – cela correspond à la perte de l’identité nationale
La vague des Espagnols qui fuient et ceux qui les accompagnent : 475 000 personnes aboutissent dans des camps même si le nom n’est pas prononcé
Une indifférence majoritaire, un soutien minoritaire
La loi du 18 novembre 1939 élargit celle du 12 novembre 1938 en visant l’ensemble de la population française et les étrangers

Cette loi va être réutilisée par « Vichy » – C’est un bouleversement et on aboutit à l’instauration de 200 camps d’internement
La 3ème République finissante – 1940/1942 – 1942/1944 – et 1944/1946, il faut attendre 46 pour que lie dernier camp ferme
J’estime qu’il y a à peu près 600 000 personnes qui ont été internées dans ces camps

Le camp d’internement va être instrumentalisé par « Vichy »
Décembre 1940, janvier 1941, dates du pic d’internement surtout en zone sud
La dominante en 40 42, c’est que c’est « Vichy » qui a la main
À partir de 42, c’est un double basculement, les Allemands prennent la main dans la logique de déportation pour l’extermination des Juifs de France
En 44 46, c’est une autre logique, la France se libère

La reconstruction de l’Identité nationale : jusqu’où va l’Épuration ? (les camps continuent à être actifs, leur population change). On va toujours trouver plus blanc que blanc, « il faut reconstruire », « le nettoyage »
L’Épuration a été un phénomène plus massif qu’on ne l’a imaginé
À la fin de 44, on a plus de 60 000 personnes internées
L’Internement Administratif se fait en parallèle des logiques d’exclusion, cet ensemble traverse des régimes politiques différents qui ont des logiques différentes

En 40 42, Pétain est au coeur du dispositif de l’Internement Administratif, on a la trace ans les archives. Il sait très bien ce qui se passe et il accepte même de faire ce travail en zone nord occupée, c’est là pour moi le coeur de la problématique de « Vichy » où Pétain fournit une couverture officielle, institutionnelle, une légitimité étatique aux fonctionnaires qui ont participé à la politique d’exclusion
Et ensuite de la politique de déportation pour l’exclusion des Juifs
Là, on est au coeur, et en 1942 les Allemands s’inscrivent sur ces camps d’internement à savoir qu’ils vont les utiliser pour la mise en oeuvre de la Solution Finale
Et c’est là où Pétain et Laval vont accepter de négocier avec les Allemands la place de la France dans ce dispositif
Ils vont accepter de cogérer la mise en oeuvre de la Solution Finale.

Printemps 42, retour de Laval. De la négociation Laval et les Allemands, Bousquet et les Allemands, Heydrich, va naître une sorte de collusion étatique de la Solution Finale, « Vichy » va accepter d’en être l’instrument, 10 000 Juifs vont être livrés sans qu’aucun soldat allemand ne participe, jusqu’en novembre 1942.

Le vrai mobile de Pétain et Laval, c’est moins l’antisémitisme que le calcul politique, ce qui va motiver Laval, c’est le calcul géopolitique alors même que Pétain est plus antisémite que Laval
Laval n’était pas philosémite, mais le 4 juillet 1942, et c’est le seul procès verbal conservé d’un Conseil des Ministres (rien n’était noté en usage), il est précisé que sue « si les Allemands nous demandent de renvoyer là bas les déchets qu’ils nous ont envoyé, cela ne me pose aucun problème »

L’été 1942 est le point culminant de l’avancée des troupes allemandes en Europe et Laval voulait la victoire de l’Allemagne.
Il joue la carte de l’Europe nazie dès 1940
Laval a deux cartes en mains : il va donner les ouvriers français – la Relève -, et il sait par ailleurs que Hitler veut les Juifs. Et il va lâcher les Juifs, d’abord les Juifs étrangers
Et alors même que pour Pétain l’antisémitisme est le moteur principal, et on les traces, les journaux de ses proches
Le journal d’André Lavagne, bien que toujours pro Pétain après 1945
On peut s’interroger sur le comportement des élites françaises
À partir des rafles, il y a un basculement de la société française et de ses élites, sauf la haute administration, les préfets, l’administration de la police. Peu de préfets ont protesté
Il est aussi terrible de dire que l’Occupation a été l’âge d’or du Cinéma français par l’exclusion des Juifs

Les documents extraordinaires du service postal de « Vichy »
On ouvrait au début 300 000 lettres par semaine
En zone sud, un million de lettres ouvertes chaque semaine à partir de la mi 43
Dès 1941, « Vichy » a des indicateurs par les lettres de l’état de l’opinion, par la Centrale Postale, les RG, les préfets
Aussi, devant les rafles et le marquage des Juifs, les Français vont marquer une totale réprobation de cette cette politique, et une solidarité
La persécution antisémite est récusée de plus parce que « Vichy » se met au service de l’occupant

Le coeur de la propagande de « Vichy », c’est l’idéologie du rassemblement national autour de valeurs traditionnelles, travail, famille, patrie, piété, ordre, autour de l’image du chef… ce qu’était « Vichy », et l’image que « Vichy » donnait de lui même

Les hauts responsables de « Vichy », Pétain, Laval, au moment des grandes rafles de 1942, se doutent bien que la mort sera sans doute au rendez vous pour beaucoup de monde, mais n’ont pas encore en tête qu’il y a massacre de masse
Fin aout 1942, les informations qui viennent du Consistoire, des ambassadeurs, des oeuvres d’assistance, ces sources convergentes montrent qu’à ce moment là, Laval et Pétain, savaient qu’à l’arrivée il y avait massacre de masse
À partir de janvier 1943, il n’y a plus d’ambiguité

Et pour moi, Pétain savait aussi
Le document le plus terrible est le compte rendu allemand qui est fait d’une rencontre entre Laval et Oberg le 2 septembre 1942 – Laval à Oberg : « j’ai mes ambassadeurs qui m’interrogent, que dois je répondre à ceux qui me demandent que deviennent les Juifs que je vous livre ? » – « Vous répondrez, il a été convenu que … »
Un des actes les plus terribles de la Collaboration de Vichy à la Solution Finale est dans ce calcul de l’information donnée
Et Pétain a été le destinataire de tous les rapports en cours
Pétain sait
Le rapport d’Helbronner, son ancien ordonnance sur la 1ère Guerre Mondiale et qui avait confiance en Pétain, et qui sait – « Mr le Maréchal, là vous vous trompez … »
Helbronner va mourir en déportation en 1943 avec toute sa famille … « Prévenez le Maréchal, il va nous sauver ».

Mosaique Pétain

Dessin Pétain

Lettre à Pétain

 

Renée Poznanski, Tel Aviv, janvier 2009

Renee Poznanski

https://vimeo.com/318466940

« Quand je dis « Pétain » à mes étudiants, ils pensent « collaboration nazie »
En Israël, Pétain incarne la Collaboration de la France toute entière, c’est la « mauvaise France »
Sur Israël et la mémoire de cette période en France
De Gaulle – Pétain, c’est la France
Juin 1940 : un brave réactionnaire – un personnage gris
Sur le Consistoire Central (…) Pétain jouait parfaitement le jeu avec eux
Sur l’antisémitisme de Pétain
Sur la propagande antisémite de « Vichy »
Une propagande de Pétain, sournoise et allusive, discrète à la différence des antisémites affichés ultras parisiens
Pétain était antisémite, c’est clair, pas besoin d’en débattre
Juillet Aout 40 – C’est toujours allusif sauf quelques brochure (…)
La « vraie terre de France »
Il avait des amis Juifs

Il rassurait chaque fois le président du Consistoire, Helbronner
Il y avait un consensus en France dès les années 1930, il en faisait partie : « il existe un problème juif en France » (…)
Ils « étaient trop nombreux en politique », « trop dans les journaux », « c’est eux qui « formaient l’opinion », ils corrompaient les milieux du cinéma – toute la culture française était entre leurs mains, et la banque, le point essentiel …
Une école française : « l’antisémitisme raisonnable »
Les réfugiés se pressaient aux portes des frontières françaises, cela créait une crainte
La « solidarité juive » comme défaut
Les Lettres Françaises étaient touchées – l’indulgence à l’égard de Céline à la NRF – c’était légitime
Je ne dis pas que la majorité de la population française était favorable à un numerus clausus
« Vichy » n’a pas imposé une législation antisémite comme cal … elle a été très bien acceptée par l’opinion
L’aspect le moins discuté de la politique de Pétain était sa politique antisémite
Dans les journaux – une indifférence en même temps qu’une certaine forme de satisfaction vis à vis de la population juive
« ça ne pouvait pas venir des Français… »

À l’été 1941, les responsables du Consistoire, des grands bourgeois, savaient très bien que derrière la législation antisémite, il y avait le gouvernement français et Pétain avec eux
Mais ils ont continué à prétendre à l’extérieur que ça venait d’un diktat allemand (…) pour deux raisons …
Les lettres écrites à Pétain
À la BBC, l’instruction pour ne pas attaquer le personnage de Pétain
Pétain a été ménagé pour ne pas prendre les populations à rebrousse poil – il était clair au départ qu’en général il était soutenu

Montoire – l’été 41 – le printemps 42

Une des grandes ruptures entre la population française et « Vichy », est liée aux Juifs, les rafles de l’été 1942 – ce n’était pas possible
Mais l’indignation marquée des grands prélats n’entamait en rien leur confiance envers le Maréchal
Pétain et la Solution Finale – Laval
Il est plus simple de dire qu’au bout du compte il s’en fichait, il ne voulait pas savoir
Il a reculé ensuite sur intervention du vatican sur une des lois de dénaturalisation collective des Juifs étrangers (…)
Portrait – Il se pensait comment ?
je crois qu’il y a cru jusqu’au bout
Sur la Révolution Nationale – le Sauveur était là, sans adhérer à aucun moment aux principes du Maréchal …

En période de crise, on abdique facilement à un dictateur, un chef charismatique – l’Autorité et le Prestige : « je m’en occupe » …
le 10 juillet : une dictature
Le refoulement en France sur ce terme de dictature
On dit plus facilement « le régime de Vichy » plus que le « régime de Pétain » – Laval – Pétain
Sur les mots autour de la Dictature …
Quatre ans de phases différentes
Il y a une continuité entre le Vainqueur de Verdun, le symbole de la France, il est acclamé
Les Français se voient comme les héritiers des Lumières, des Droits de l’Homme, mais pas d’un dictateur
parallèle avec Hitler et le peuple allemand
Le charisme a permis à l’ensemble de se réaliser
Sur l’État protecteur
Dreyfus et l’État
L’État et les Juifs immigrés, à l’étranger, l’État les persécutaient

Les Juifs étaient les plus gros consommateurs du Journal Officiel
La presse Communiste Juive – la presse Communiste
Dans leurs journaux, des informations très détaillées … en insistant sur la solidarité de la population française
Des précisions souvent hallucinantes … sur la Pologne (etc) reprises nulle part
L’acceptation du fait
Pour tout le monde il était clair que cette période aurait une fin. »

Renee Poznanski

 

Sigmaringen, tournage décembre 2008

Lit des Pétain à Sigmaringen

https://vimeo.com/318711047/

L’exil forcé ordonné par Hitler au gouvernement de l’État Français
Déat, de Brinon, Doriot

commentaires de la guide du château sur les années 1944 1945
sur la présence des Ultras français de la Collaboration
appartements occupés par Les Laval
Présence de l’écrivain antisémite L F Céline avac Laval
appartements occupés par les Pétain

 

Robert Gildea, Oxford, mai 2009

Robert_Gildea

https://vimeo.com/654000743 / en recherche de fonds pour la traduction complète

Cold Blue Eyes

« Pour les Britanniques le première Guerre Mondiale a été plus traumatique que la seconde Guerre Mondiale
 » On a eu des lions conduits par des ânes « 
Pétain est bien passé pour le vainqueur de Verdun, mais pour les Britanniques le général qui a impressionné est Foch
C’était le grand commandant
Sur Pétain, sa discipline, – les mutileriez de 1917 – il passait pour un père pour ses troupes
Sur la rencontre Pétain Churchill à Tours en 1940, Churchill a vu un homme fatigué, différent de l’homme qu’il avait connu à Beauvais en 1918 (tous les deux ont vieilli en même temps)
« Rappelez vous Beauvais en 1918 ! »
Il n’a pas compris qu’il n’arrivait pas à se battre en 1940

Dans les années 1930, Pétain, à travers les lecteurs du Petit Journal, était vu comme l’homme qui pouvait devenir le dictateur, « le meilleur dictateur possible »
Pétain, un maréchal républicain …
Sur le personnage charismatique (…)
Un vieux monsieur, les gens le respectent, une combinaison entre une figure charismatique et une figure traditionnelle avec sa façon de s’habiller, son oeil bleu, un grand-père avec ses enfants autour
je pense que le problème de Pétain c’est sa vanité
Il faisait très attention à cultiver son mage
Sur son évolution à partir de sa participation au Conseil National de la Guerre en 1922
Sur l’évolution du personnage « politique » et les figures charismatiques, les images, qui accompagnent cette construction
Pour lui, la France des politiciens est corrompue
Son lien principal à l’extérieur a été avec Franco
Je ne pense pas qu’il ait été sensible aux grands courants politiques extérieurs
« La France aux Français » – la Maison France (…)

Portrait de Pétain à la fin des années 1930, un homme rigide, qui attend les fautes de Reynaud (…) un calculateur
Sur son antisémitisme – la France profonde, paysanne, partisane, accrochée à la terre – la Terre et les Morts
Des hommes comme Pétain ne peuvent pas comprendre ceux qui ont une vision cosmopolite
Sur un fascisme à la française (…) Doriot, Déat, Pétain n’avait aucun lien avec eux
La seule racine plausible : la Légion Française des Combattants
Sur le regard des Britanniques sur la défaite française – pour eux l’histoire française n’était pas terminée

Churchill lui même réalise que Pétain est très populaire en France
« Vous êtes une grande nation, Napoléon, Gambetta… » – C’est Pétain qui est vu comme celui qui peut faire basculer la France chez les Britanniques
Georges VI et Churchill lui envoient des messages positifs
Ils regardent du côté de Weygand qui dirige l’armée en Afrique du Nord
Et pendant très longtemps de Gaulle n’est pas en perspective
Roosevelt déteste de Gaulle
Sur Leahy, l’ambassadeur américain à Vichy auprès de Pétain – ils vont continuer à croire en Pétain
Churchill trouve de Gaulle très difficile – il le voit comme un dictateur en devenir
Les choses changent après l’opération Torch en novembre 1942
Le général Giraud était préféré à de Gaulle
Pendant très longtemps de Gaulle est resté hors champ
L’intention principale pour les Britanniques était de pouvoir voir la France reprendre la guerre, et pour eux, « Vichy » était le gouvernement en place. car les Français étaient avec ce gouvernement.

Sur la question des Juifs

Pétain a persisté sur son rôle de martyr et de victime (…)
Il n’est pas parti à Alger
Laval reste un collaborateur
Regard des Britanniques sur le temps … Pétain le traître – le double jeu – la résistance passive – le lobby pro-Pétain – Isorni
On dit aussi que Pétain était un homme de bonnes intentions
Il y a aussi une certaine pitié ressentie pour Pétain à cause des contextes
Pétain est un symbole de continuité de la France (Pétain acclamé à Paris en 1944)
Sur l’Homme Providentiel ?

Une dictature mais je pense que ses pouvoirs ont été limités
Sur l’état de conscience de Pétain
La BBC était contrôlée par le gouvernement et elle décrivait Pétain en 1941 comme un résistant passif
Pétain est populaire
Sur le regard de Churchill sur Pétain – il est prêt à espérer Pétain
Il est difficile de savoir ce que pensait Pétain
Mitterrand, Giscard …
De l’Ile d’Yeu à Douaumont
Sur la cérémonie à Gergovie et les sachets de terres de France
Sa popularité a structuré le mythe. »

Robert Gildea mains

 

Stefan Martens, Vincennes, juillet 2009

Stefan Martens

https://vimeo.com/654000943

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Plan de Verdun

Photographies hors archives Paule Muxel Bertrand de Solliers © 2008 à 2010.