Mémoires vécues nos archives (rushes et développements-préparations) à la B N F, domaine public Gallica et sur demande
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2023 mois du film documentaire, à propos des films …
Quand nous avons commencé le film Histoires autour de la folie dans sa préparation à la fin des années 1980, nous ne nous doutions pas que nous irions au-delà des textures de l’instant, que la valeur de patrimoine de vécu, des expériences vécues, que nous étions en train de rencontrer, pourrait ensuite continuer à interroger.
La numérisation de l’ensemble des rushes mais aussi de la copie initiale de Histoires autour de la folie d’une durée de plus 3h30 est en projet avec le laboratoire Eclair Orfeo en 2 K d’après les négatifs super 16 mm tourné, signés par Agnès Godard (Claire Denis, Wim Wenders). Les négatifs conservés, en excellent état.
Plus de 30 ans après les trois tournages de 1991 et 1992, ces rushes constituent un accès à ces mémoires complètes devenues uniques, un segment du patrimoine vécu – j’insiste sur ce mot – de la Psychiatrie institutionnelle de ce haut lieu de soins en santé mentale de la Région parisienne, depuis 1868.
Cette numérisation des images et des sons de tournage complète les documents de la préparation du film qui a pris environ trois ans dans sa conception avec plus de cent heures d’entretiens préparatoires enregistrées en audio numérique dont une partie filmée en vidéo HI8 mm à l’époque.
Après numérisation nous allons synchroniser images et sons, reprendre l’étalonnage, gracieusement, et restituer les rushes initiaux qui seront accessibles à la Serhep à Ville Evrard et à la BNF, où sont déjà déposés sur ces deux sites une large partie de nos archives.
Nous allons reconstituer le montage d’une copie film en cours de construction à l’époque (1992) du film d’une durée de 6h30, filmée sur une Steenbeck. Cette copie a toute son importance, elle est le prélude de la copie définitive de l’époque livrée à Pierre André Boutang sur France 3 qui nous a permis de financer le film au préalable avec Jean René de Fleurieu et Agnès b, et sa diffusion préalable en salle grâce à Documentaire sur grand écran en 1993.
L’intérêt de cette numérisation est de reconstituer en film les 35 heures (hors les vidéo 8 mm) tournés en 1991 et 1992 dans un moment où la Sectorisation s’affirme des années après sa mise en place en Seine Saint Denis, Ville Evrard étant à l’époque une sorte de fer de lance de la Psychiatrie moderne. Trente ans avant que nous reprenions aujourd’hui un film-réflexion de la psychiatrie contemporaine en 2023 qui va être prochainement tourné.
Nous avons le projet de lancer avec la Sehrep, qui recueillera les fonds, un appel au financement de cette numérisation d’un coût HT de 24 892 euros, le laboratoire Éclair ayant consenti des remises exceptionnelles sur ces travaux sous forme d’appel en dons et en mécénat. Nous mettrons en ligne et sur tous supports possibles les liens mail et Iban de la Sehrep permettant cette conservation patrimoniale unique.
Il est probable que nous utiliserons des éléments de cette numérisation dans le film que nous allons construire en 2023, donc 30 ans après Histoires autour de la Folie.
L’ensemble de ces travaux numérisés sera disponible publiquement à la Sehrep et à la BNF pour compléter la mémoire de ces temps décisifs de la Psychiatrie contemporaine en France.
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SUR LES FILMS DANS LEUR TEMPS
À partir de ces films qui concernent des situations de mémoires individuelles et collectives, l’intérêt nous semble au-delà de la conservation d’en susciter des réflexions.
C’est le réflexe du vivant réflexif, en train de se faire, qui est recherché, et non celui de la conservation, de l’immobilité, ou du regard pour le regard.
Plus pour tenter d’en comprendre les différents mécanismes, strates de mise en place, d’essayer d’en saisir au fil des étapes de conscience, les mobiles fussent-ils furtifs, inavoués, imperceptibles, implicites, d’en juxtaposer les différents regards et points de vue, de proposer des mises en parallèles de premier abord impossibles mais qui coexistent au final naturellement.
Ne pas se résigner à une mémoire sanctuaire des victimes, ou une mémoire de la douleur, de l’impossible, de l’indicible, ou une mémoire de la mémoire destinée à circuler souvent en rond.
Faire vivre cette mémoire vivante qui questionne, celle des vécus qui interroge.
C’est s’attaquer à la complexité, car que vaut un travail de mémoire s’il n’est pas discuté. Bref, écouter les mémoires comme territoires ouverts. Dans les mémoires, il n’y a pas d’exclusivité de la violence ni de la douleur.
La juxtaposition des rushes qui constituent des archives plusieurs années après, en l’occurrence des documents susceptibles d’être consultés dans les contextes de leurs époques et des conditions de réalisation (dont les financements des films), peut rendre les lectures de ces rushes différemment des films montés eux-mêmes.
Dans la multiplicité, le point de vue des regards est déjà pluriel et s’associe pour exposer la diversité à la fois de chacun et de l’ensemble.
En les éditant, nous essayons de les préserver le mieux possible – c’est à dire de tout donner, excluant les problèmes liés à des questions techniques, pour laisser s’exprimer leur réalité personnelle, les chemins naturels des existences et de leurs expériences, les points de vues et jugements.
Ces archives peuvent comprendre même parfois des erreurs, des approximations (…) comme des dates différentes qui se présentent pour les mêmes faits etc. (…); nous les avons gardés dans la démarche de respecter les propos même de leurs auteurs à travers leurs mémoires qui les distinguent par leur propre singularité, leur identité. Et pour laisser chaque entretien dans son moment à lui, dans son regard personnel.
S’ajoute à cela notre propre subjectivité, nos erreurs, des approximations sur des terrains qui se révèlent nouveaux pour nous dans certains cas.
Ceci n’est pas forcément valable avec des historiens aguerris à s’exprimer, même si ces lapsus peuvent aussi chez eux se présenter.
Le dénominateur commun identique qui reste est celui-ci : laisser, donner à chacun sa vérité de l’instant.
Chacun possède en effet son approche qui va de pair avec soi, sa propre façon de regarder et rendre compte, son vécu, son histoire à l’origine.
Chaque point de vue suit sa conscience dans sa propre culture et son chemin personnel. Vouloir ne pas comprendre ou modifier cela c’est déjà fausser la vérité du terrain réel.
Cela fonctionne aussi avec le questionnement variable de la mémoire, de ce que l’on veut entendre ou ne pas entendre, des mémoires au cours du temps, inspirées, dirigées, versatiles, imprévues, cette mémoire qui façonne et arrange sans cesse dans l’esprit et les perspectives possibles tout en n’incarnant en fait que l’incertain du fragmenté des devenirs.
En psychiatrie dans Histoires autour de la Folie, Lucien Bonnafé l’ancien grand psychiatre désaliéniste après la seconde guerre mondiale, celui qui ouvrait dans les années 30comme médecin-directeur l’asile qu’il dirigeait comme un hôpital commun, l’ami d’Eluard et de Toscaillès (…), précise : » observez l’observateur « .
Notre point de vue le rejoint modestement. Celui d’écouter la relation qui se met en place, celle en train de se faire entre soi et celui ou celle qui est en face. À l’inverse d’instituer et de dominer.
De l’un à l’autre et l’autre à l’un, l’induction fonctionne, illimitée, comme une eau étrange qu’on dérange sans cesse et qui ne peut rester inerte. Pour le meilleur espérons toujours.
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Nous recherchons des fonds en mécénat concernant l’édition, les traductions, les diffusions web et DVD en cours, principalement pour les rushes du film « Philippe Pétain ».