image du tournage de « Une histoire qui n’a pas de fin »
Entendre pour la première fois des personnes vivant leur séropositivité au virus du Sida en 1993 alors que beaucoup en mouraient à l’époque, a été un moment difficile pour toute l’équipe de cinéma conviée à filmer sur « Sida, Paroles de l’Un à l’Autre ».
Sur ce premier film, une annonce publiée dans Libération juste la semaine précédente, quelques mots échangés en amont, le film démarre : les échanges filmés ont été toujours directs, sans préparation parce que l’urgence de parler était affirmée d’emblée. Ce qui était assez impressionnant car la violence vécue par les personnes concernées se présentait directement dans leur essentiel – c’était l’objet même de ce film : laisser s’exprimer ceux qui étaient les seuls concernés. Et non les intermédiaires, une habitude des médias à l’époque de passer par ce filtre – à un moment où on ne voyait aucune solution sur l’avenir.
Nous avons filmé dans l’appartement où nous vivions 23 rue Étienne Marcel à Paris. Notre fils de 2 ans présent à certains moments, l’équipe se lavant les mains après chaque témoignage du tournage car la raison et le déraisonnable co existaient. Nous savions que le virus ne pouvait passer par une poignée de main, mais dans cette situation et à cette époque, nous nous pensions malgré tout tous atteints. Une époque terrible où dominait un effroi brut. L’incertitude et la panique dominait.
La production de ce film a été l’une des plus difficiles. Le Sida, nous l’avions rencontré dans des services de psychiatrie à Ville Evrard où un nombre important de malades mouraient dans un « vrai » silence. On en parlait pas. Et pratiquement personne dans le corps médical en psychiatrie, en parlait. La psychiatrie étant synonyme d’enfermement, et ici le Sida doublait la mise.
Ce premier film produit était terminé mais endetté : Histoires autour de la Folie, nous avons toutefois engagé le tournage de Paroles, tous les paiements étant différés, chacun a accepté, industries techniques et salaires des techniciens. Ce film était une urgence de mon point de vue.
Quand une copie de travail a pu être projetée, la responsable documentaire de France 2, Laure Adler, nous a indiqué que c’était « trop fort et qu’il fallait aller tourner d’autres plans », des plans de foule par exemple, qu’on pourrait diluer dans le montage pour alléger les contenus.
Pour Arte, il fallait tout remonter, pour voir.
Daniel Defert et Agnès Troublé (Agnes b) ont permis financièrement de sortir le premier de ces trois films, suivi pour celui-ci d’une avance sur recettes après tournage, et avec Jeanne Moreau qui a défendu le film sur le journal télévisé de France 2.
Une première diffusion aux Assises d’Aides à Lyon (1993) précède la sortie salle. La 25ème Heure (France 2) et Planète appuient la diffusion de chacun des 3 films…
Sida, paroles de l’un à l’autre, 1993, film
Sida, Paroles de l’Un à l’Autre rushes son tournage
Une histoire qui n’a pas de fin (Sida, paroles de soignants), 1994, film
Une histoire … rushes son tournage film part 1
part 2
Sida, paroles de familles, 1995, film
Sida Paroles de Familles rushes son tournage
Ces moments correspondent à une époque, des instants où un certain nombre de nos questions étaient difficiles à élaborer de par la nature sensible et personnelle, affective et particulièrement touchante des personnes abordées qui ont accepté.
SIDA MUCEM 211029 extraits de l’exposition « L’épidémie n’est pas finie ! »
© photographies de Solliers Muxel
Images d’Alain Le Kim (©) commandées par Michel Badinter pour les diffusions des films sur Planète